Le tremblement de terre qui ruina Vera

C’était le mardi 9 novembre 1518. La nuit tombait sur la colline de l’Esprit saint où se dressaient Vera et son château fort. Les cent cinquante habitants venaient de rentrer chez eux. Au fur et à mesure que l’obscurité s’intensifiait, ils se glissaient les uns après les autres sous les couvertures de leurs couchettes et s’endormaient peu à peu.

Deux cents maisons s’échelonnaient sur les flancs de la cité, mais seules soixante étaient occupées — conséquence, primo, de l’interdiction faite aux maures d’y résider et, secundo, des attaques de pirates qui ravageaient presque quotidiennement ce coin du royaume.

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Le séisme qui détruisit Lisbonne

C’était le 1er novembre 1755 et il faisait particulièrement chaud pour la saison. En ce jour de Toussaint, les églises de Lisbonne se remplissaient de fidèles. Le roi Joseph Ier lui-même avait assisté à un office dès la première heure avant de quitter la capitale.

Il était 9 heures 40 environ quand, soudain, le sol se mit à osciller durant une longue minute, ce qui plongea la population dans la stupeur et la panique. Lorsque le tremblement de terre cessa, le soulagement s’imposa : aucun édifice ne s’était effondré.

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Escapade à Lanjarón

La route qui monte jusqu’à Lanjarón est sinueuse mais demeure suffisamment large pour réduire le danger qui guette les voitures à chaque virage. Est-ce parce que ce village des Alpujarras, juché à plus de six cents mètres d’altitude, mérite l’excellence ? Peut-être. Dès les premières maisons, on devine que la petite cité thermale, célèbre pour son eau dans toute l’Andalousie, a un cachet, une prestance. La notion du beau y est entretenue, développée. Dès l’entrée du village, à main droite, côté vallée, un parc dégringole les flancs de la montagne et mène aux ruines d’un vieux château dont on ne sait s’il fut construit par les maures ou les chrétiens. Le long de la route qui traverse le village, une chaussée plane qui jamais ne monte, ne descend ou ne tortille, fleurissent les hôtels, les commerces, les maisons. Dans le centre névralgique, près du rond-point, de nombreuses silhouettes font leurs achats, s’installent aux terrasses, taillent une bavette avec leurs voisins. Des marchands africains vendent baskets et casquettes sur le pavé, à proximité d’un jardin propre, taillé, ambitieux, où le bruit d’eau qui s’écoule invite les passants à flâner jusqu’à la piscine en plein air qui le jouxte.

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Projets en cours : état des lieux

Des deux grands projets de l’année, seul un verra le jour en 2022, et encore, ce n’est pas sûr.

J’ai en effet décidé de postposer à 2023 la publication de mon troisième roman, Mort à Balerma. Je demeure insatisfait de certains passages et le temps me manquera lors des prochains mois pour effectuer les ultimes retouches.

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Il y a cinq cents ans, un séisme détruisait Almería

C’était le lundi 22 septembre 1522. La ville côtière d’Almería, dressée au cœur de montagnes sèches et sans végétation, s’éveillait doucement. Elle n’avait pas beaucoup changé depuis sa prise par les Rois Catholiques en 1489.

L’Alcazaba, l’immense forteresse qui veillait la cité depuis une colline haute de soixante-dix mètres et qu’un séisme avait partiellement détruite en 1487, avait vu sa troisième enceinte adaptée aux nécessités modernes de l’artillerie.

À l’intérieur des murs de la ville, les mosquées et autres ribats avaient peu à peu été réemployés à des fins civiles ou religieuses. C’est ainsi que la mosquée principale était devenue église de Santa María après la première révolte mauresque de 1490, puis cathédrale de l’Annonciation le 21 mai 1492.

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Terminer un roman

Cela faisait longtemps que Victor Hugo ambitionnait d’écrire un large roman sur la précarité sociale. En 1845, celui qui venait d’être fait pair de France se mit à l’ouvrage et entama la rédaction d’un manuscrit intitulé Les Misères. Celui-ci, initialement conçu comme la réunion de l’histoire de quatre personnages, un saint (Mgr Myriel), un homme (Jean Valjean), une femme (Fantine) et une enfant (Cosette), dériva peu à peu du schéma originel et vit un protagoniste, Valjean, tirer la couverture à lui, et d’autres figures, tel Marius, gagner le rang de personnage principal au fur et à mesure que se développait l’intrigue.

En 1848, Hugo avait rédigé quatre des cinq parties ambitionnées, mais le destin de la France était sur le point de basculer, et cet énième soubresaut de l’histoire française allait avoir d’énormes répercussions sur le visage final de l’œuvre projetée.

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Le secret du retour à la vie

L’univers du rêve était sombre, rouge et symbolique. Une sorte de mur lisse et impénétrable, invisible des mortels (aveugles au point de ne pouvoir suspecter qu’il y avait quelque chose derrière lui), séparait le monde des vivants de celui des morts. C’était une frontière imperméable, à laquelle l’œil s’était tellement habitué qu’il la considérait comme partie intégrante du paysage, qu’il ne la voyait plus comme une limitation mais comme une caractéristique propre à son monde. Le mur ressemblait à l’univers du rêve : sans angles, courbe, non limitant, infini, doux comme un cœur ou comme un muscle.

Est-ce que je suspectais quelque chose ? Ou fut-ce le hasard qui me conduisit là ? Dans un lieu sombre et reculé, je découvris une porte. Une fois franchie, elle disparut dans les ténèbres, ce qui m’obligea à visiter l’étrange endroit que je venais de gagner.

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Histoire du Parthénon

Une acropole est, étymologiquement, une « ville haute ». Celle d’Athènes, juchée sur une colline qui culmine à 156 mètres d’altitude, a derrière elle une longue histoire.

Elle naquit huit siècles avant notre ère. Son plateau accueillit d’abord une forteresse ; il se transforma par la suite en sanctuaire. En 490 av. J.-C., les Athéniens rasèrent leur temple de cent pieds, l’Hécatompédon, et, sur base de colossales fondations, ils entreprirent l’érection d’un nouveau temple aux dimensions formidables, connu aujourd’hui sous la dénomination de Préparthénon. Ce monument resta inachevé, victime du sac des Perses en 480 av. J.-C.

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Femmes de dictateur

Femmes de dictateur, de Diane Ducret, traite du rapport aux femmes de huit dictateurs (Mussolini, Lénine, Staline, Salazar, Bokassa, Mao, Ceausescu, Hitler). Chaque expérience conjugale se révèle différente. Mussolini est un collectionneur, Lénine un bigame, Staline un multi-veuf volage, Salazar un vieux garçon avec quelques aventures, Bokassa un polygame kidnappeur, Mao un obsédé, Ceausescu un rival, Hitler un séducteur marié à l’Allemagne.

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El último lector

El último lector est un roman de l’écrivain mexicain David Toscana. Son titre en espagnol est aussi celui de l’édition francophone.

Le premier chapitre s’ouvre sur la sécheresse qui touche la ville d’Icamole. Remigio découvre dans son puits le cadavre d’une jeune adolescente. Ne sachant que faire du corps, il va prendre conseil auprès de Lucio, son vieux père libraire. Alors, roman policier ? Pas exactement. Le lecteur ne saura jamais avec certitude qui est le véritable coupable du crime, même si la suggestion que fait Lucio à la police, qui mène à l’arrestation d’un homme, se révèle étonnante de perspicacité.

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