Jules Rabotnik se définissait comme un peintre paysagiste, mais il lui arrivait à l’occasion de réaliser des portraits, soit pour gagner sa croûte, soit pour remercier un ami. Il vivait une existence paisible et honnête, bien que pauvre, une existence qui lui plaisait et qu’il aurait bien prolongée telle quelle jusqu’à trépas, mais c’était sans compter sur les caprices du destin ou les volontés du Très-Haut.
Un soir d’hiver, un petit homme chauve et bien vêtu qui se prétendait policier lui rendit visite dans son trois-pièces au prétexte d’une enquête en cours. Le chevalier d’Affres venait de mourir quatre jours plus tôt dans des circonstances mystérieuses, peut-être criminelles. Jules Rabotnik, qui avait eu vent du tragique accident, crut d’abord que le policier désirait l’interroger sur les éventuelles informations glanées à l’occasion des séances des dernières semaines, lors desquelles il avait peint le portrait du chevalier, mais il réalisa très vite que le petit homme avait d’autres idées en tête. Celui-ci le questionna à propos de ses toiles, et plus spécifiquement des portraits qu’il réalisait. En faisait-il souvent ? Qui avait-il peint récemment ? Rabotnik le renseigna.
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