La Reconquête d’Almería

L’alliance matrimoniale entre Ferdinand II d’Aragon et Isabelle Ire de Castille en 1469, qui unit leurs royaumes respectifs, transforma la Péninsule ibérique en une puissance politique et militaire dominante.

Ferdinand II d’Aragon et Isabelle Ire de Castille

Après la fin de la guerre civile castillane en 1479, les Rois Catholiques lorgnèrent le royaume de Grenade, dernier bastion de l’Islam espagnol. La combinaison des ressources militaires et financières de la Castille et de l’Aragon, avec une population totale dépassant les sept millions d’habitants, leur conférait un avantage écrasant par rapport au petit royaume de Grenade, qui ne comptait que trois cent cinquante mille habitants.

Celui-ci était dirigé par Muley Hacen depuis 1464. Après un début de règne autoritaire, le vieux souverain avait fini par abandonner le contrôle du royaume entre les mains de hauts fonctionnaires et de factions nobles rivales.

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Almería 1522 : chapitre IV

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Ses affaires réglées et sa prière de tierce dite, l’archidiacre Luis de Ordaz prit la direction de la cathédrale de l’Annonciation, où la messe devait sans doute s’achever. C’était une figure bien connue des Almériens. Il faisait partie des premiers chanoines à avoir mis les pieds dans la cité et avait obtenu son archidiaconé au cours de la deuxième décennie d’occupation chrétienne. En tant que vicaire judiciaire, il était un des religieux les plus influents de la ville, peut-être même le plus important.

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Almería 1522 : chapitre III

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La ville d’Almería ne s’arrêtait pas à ses murs. Nombreux étaient ceux qui résidaient dans les faubourgs, notamment les agriculteurs et les artisans. Leur métier exigeait depuis tout temps, pour les premiers, qu’ils demeurassent près de leurs champs, pour les seconds, qu’ils s’éloignassent des centres urbains à des fins de salubrité publique.

La plupart de ces hommes étaient des morisques, c’est-à-dire des nouveaux chrétiens. Leurs aïeux avaient respecté les préceptes du Coran, et eux aussi — jusqu’à ce qu’en 1500, à l’issue de la deuxième révolte mauresque, on leur fasse abjurer leur foi.

Physiquement, ils se distinguaient très peu des Espagnols. Leurs ancêtres n’étaient ni Berbères ni Arabes : ils étaient Wisigoths. La conquête de la péninsule ibérique par les Omeyades au début du VIIIsiècle n’avait pas donné lieu à un remplacement de population ; seuls les dirigeants, la langue et la religion avaient changé. Certes, le sang s’était parfois mélangé, mais essentiellement dans les hautes sphères du pouvoir, rarement dans les basses couches de la société. Or, les derniers chefs de l’émirat nasride de Grenade et leur cour avaient choisi la voie de l’exil lors des mois qui avaient suivi la Reconquête. Bref, il ne restait plus qu’une seule ethnie d’hommes en terre andalouse.

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Almería 1522 : chapitre II

<<Chapitre IChapitre IIChapitre III>>

Le vent qui butait contre les murailles paraissait toujours s’amplifier dès qu’il en franchissait le crénelage. Les soldats qui veillaient les tours et les remparts de la ville, face balayée par Éole, avaient une vue plongeante sur l’horizon. La légende voulait que, depuis leur perchoir, ils fussent parfois en mesure d’observer les lointaines terres d’Afrique, mais jamais un de ceux qui étaient de faction en ce matin du 22 septembre 1522 n’avait eu l’occasion de vivre cette rare expérience, sauf en mirage peut-être. Tout ce qu’ils pouvaient apercevoir du sud depuis leur poste était l’échancrure bleue et étincelante dessinée par la Méditerranée par-devant Almería, et cette échancrure était à peu de choses près la seule ouverture de la ville côtière sur le monde.

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Almería 1522 : chapitre I

<<IntroductionChapitre IChapitre II>>

Le vent soufflait sur la baie d’Almería en ce lundi 22 septembre 1522. Une odeur âcre de poisson régnait le long des plages et de l’embarcadère. Le jour se levait à peine sur la ville côtière et déjà son port grouillait de monde.

C’était un port d’excellent mouillage, fréquenté depuis des siècles grâce à la topographie particulière de la côte qui permettait aux bateaux de se protéger du levant ou du ponant en fonction de leur lieu d’ancrage. Trois ou quatre siècles avant la Reconquête, les Maures avaient construit en son cœur une jetée afin d’agrandir sa capacité d’accueil. Elle s’y trouvait encore et, attachés à elle, des vaisseaux de guerre, des navires marchands et des barques de pêcheurs dansaient sur les vaguelettes troubles de la Méditerranée.

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Almería 1522 : introduction

IntroductionChapitre I>>

Les événements surviennent, les hommes qui les ont vécus en parlent, ceux qui leur succèdent en prolongent le souvenir, mais des témoignages entiers ou des détails s’oublient et les historiens et les conteurs comblent les lacunes du récit : l’histoire devient légende.

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Publication d’Almería 1522

J’ai le plaisir de vous annoncer avoir publié en fin d’année 2022 ma relation du grand tremblement de terre d’Almería de 1522.

Après trois mois de recherche, de lecture et de compilation d’informations, j’en ai pris tout autant pour composer ce récit historique centré sur l’épisode sismique le plus dévastateur de l’histoire d’Espagne.

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Il y a cinq cents ans, un séisme détruisait Almería

C’était le lundi 22 septembre 1522. La ville côtière d’Almería, dressée au cœur de montagnes sèches et sans végétation, s’éveillait doucement. Elle n’avait pas beaucoup changé depuis sa prise par les Rois Catholiques en 1489.

L’Alcazaba, l’immense forteresse qui veillait la cité depuis une colline haute de soixante-dix mètres et qu’un séisme avait partiellement détruite en 1487, avait vu sa troisième enceinte adaptée aux nécessités modernes de l’artillerie.

À l’intérieur des murs de la ville, les mosquées et autres ribats avaient peu à peu été réemployés à des fins civiles ou religieuses. C’est ainsi que la mosquée principale était devenue église de Santa María après la première révolte mauresque de 1490, puis cathédrale de l’Annonciation le 21 mai 1492.

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2022, année de projets à concrétiser

À cheval entre les années 2019 et 2020, j’ai rédigé mon troisième roman, intitulé Mort à Balerma. J’aurais souhaité le publier en 2021, mais les corrections du manuscrit se sont révélées chronophages. À l’heure où j’écris ces lignes, je ne les ai pas encore terminées, mais elles sont en bonne voie de l’être. Aussi, je ne crois pas m’avancer trop en annonçant la publication de ce titre pour l’été 2022.

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