Ubrique

Ubrique ressemble à un drap blanc soutenu par les lignes de crête de trois ou quatre montagnes, telle une bâche étendue par les pompiers sous un immeuble en feu. Les petites maisons de chaume se collent les unes contre les autres, de façon désordonnée d’abord, à cause des obstacles naturels auxquels elles se marient, puis dans des blocs de plus en plus réfléchis, de plus en plus coordonnés, s’épanouissant dans cette vallée dessinée à leur mesure.

Lire la suite

Cáceres, moyenâgeuse et paisible

La marche d’une vingtaine de minutes depuis la gare valait assurément la peine ! Dès que nous gagnâmes les ruelles pavées et escarpées du vieux centre-ville de Cáceres, je compris que la visite du jour s’apparentait à la découverte d’un énième petit trésor caché. Décidément, l’Estrémadure recelait en son sein une multitude de surprises !

Lire la suite

Capileira la (dé)voilée

J’arrivai à Capileira vers 19 heures 15. Le soleil s’était déjà couché derrière l’horizon dans de rougeoyants jeux de couleur. Je pus voir les lumières du village dans ses ruelles escarpées et depuis ses hauteurs étoilées, mais la bourgade maure demeurait aussi mystérieuse qu’une femme voilée. Ses quelques maisons blanches et son clocher phosphorescent n’étaient qu’un regard brillant au cœur de l’obscurité. L’immensité était recouverte d’un pudique voile noir, lancé sur des formes et des courbes qu’on savait exister mais qu’on ne pouvait même pas deviner. Il faudrait attendre le feu de l’aube pour que s’embrase et se désintègre le niqab obscur au plus grand plaisir de mes yeux émerveillés.

Lire la suite

Hydra

La traversée en bateau ne fut pas ce que j’en attendais. Le temps était maussade, triste. Ma compagne et moi nous étions assis dans la cabine à côté d’une fenêtre que les intempéries avaient rendue sale et à travers laquelle on observait à grand-peine le paysage. Après une brève escale dans le port de Porros, un passager revint en courant du pont, trempé par une pluie abrupte. Dieu sait pourquoi, peut-être la météo, peut-être la surveillance de nos affaires, je n’avais pas ressenti le besoin de monter afin d’admirer la vue et respirer l’air du grand large. Je crois pourtant que c’était cet élément qui m’avait séduit à l’idée de faire une escapade en bateau.

Lire la suite

Villanueva de los Infantes

Villanueva de los Infantes, petite bourgade de la province de Ciudad Real, comptait autrefois plus de dix mille habitants, mais l’exode de sa jeunesse a divisé ce chiffre par deux. Là-bas, on se targue d’être une des villes visitées par don Quichotte — c’est en tout cas la conclusion à laquelle aboutissent de savantes exégèses de l’œuvre cervantine.

Lire la suite

Séville sous la pluie

Quand les feux du soleil font briller Liège, je me dis que je suis un peu dur avec elle, qu’elle peut se révéler belle elle aussi. J’en viens à me demander si mon injustice à son encontre ne serait pas due au seul critère de l’ensoleillement restreint de ses terres. Je songe alors aux façades lépreuses de l’Andalousie, les imagine sous un ciel constamment gris et en viens à donner plus de crédit à la thèse de la clarté.

Lire la suite

Un petit déjeuner parfait à Antequera

À ma gauche, la collégiale royale de Santa María Mayor et ses pierres ocre, autour de laquelle s’égaient de petits oiseaux chanteurs. Derrière elle, la Peña de los Enamorados — le visage du défunt Tello. Entre les deux, une église ou un monastère aux teintes orangées. Puis, devant moi, une brutale élévation de la croûte terrestre, lézardée de coups de fouet, où le sang vert de l’herbe et de la mousse se répand sur la craie des rocs.

Lire la suite

À ma gauche, la collégiale royale de Santa María Mayor et ses pierres ocre, autour de laquelle s’égaient de petits oiseaux chanteurs. Derrière elle, la Peña de los Enamorados — le visage du défunt Tello. Entre les deux, une église ou un monastère aux teintes orangées. Puis, devant moi, une brutale élévation de la croûte terrestre, lézardée de coups de fouet, où le sang vert de l’herbe et de la mousse se répand sur la craie des rocs.

Lire la suite

Arcos de la Frontera

De loin, Arcos de la Frontera, perchée sur les flancs d’une abrupte érection rocheuse, ne payait pas de mine, notamment à cause des façades noires et délabrées de ses vieilles maisons autrefois blanches ; c’étaient essentiellement ses antiques bâtiments chargés d’histoire qui lui donnaient du cachet.

Je descendis de l’autocar et, armé de mes seules jambes, montai, montai et montai encore jusqu’à la basilique mineure Sainte-Marie de l’Assomption, dont le magnifique portail gothique invitait à la méditation. Un parador me permit d’embrasser les environs, très verts, où s’épanouissaient le lac d’Arcos et le Guadalete. Depuis le début de mon périple andalou, je n’avais toujours pas vu les paysages secs, gris et bruns typiques du cœur de l’Andalousie, si dépaysants, et ce n’était pas ici que ça allait changer.

Lire la suite