La Reconquête d’Almería

L’alliance matrimoniale entre Ferdinand II d’Aragon et Isabelle Ire de Castille en 1469, qui unit leurs royaumes respectifs, transforma la Péninsule ibérique en une puissance politique et militaire dominante.

Ferdinand II d’Aragon et Isabelle Ire de Castille

Après la fin de la guerre civile castillane en 1479, les Rois Catholiques lorgnèrent le royaume de Grenade, dernier bastion de l’Islam espagnol. La combinaison des ressources militaires et financières de la Castille et de l’Aragon, avec une population totale dépassant les sept millions d’habitants, leur conférait un avantage écrasant par rapport au petit royaume de Grenade, qui ne comptait que trois cent cinquante mille habitants.

Celui-ci était dirigé par Muley Hacen depuis 1464. Après un début de règne autoritaire, le vieux souverain avait fini par abandonner le contrôle du royaume entre les mains de hauts fonctionnaires et de factions nobles rivales.

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Geronimo à l’Exposition universelle de Saint-Louis

En 1904, on invita Geronimo à assister à l’Exposition universelle de Saint-Louis. Le vieux guerrier apache, captif en Oklahoma où il s’était reconverti dans l’agriculture, refusa l’offre, mais quand le Président des États-Unis Theodore Roosevelt himself renouvela l’invitation, Geronimo accepta.

Durant six mois, toujours escorté par des gardiens, il fut à la fois attraction et visiteur privilégié de l’Exposition. Attraction parce qu’il participa à des spectacles (notamment de lasso) et qu’il dédicaça des centaines de photos de lui contre rétribution (ce qui le rendit plus riche que jamais). Visiteur privilégié parce qu’on lui permit de déambuler au cœur des stands et de découvrir illusions et merveilles tirées du génie humain.

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Almería 1522 : chapitre IV

<<Chapitre IIIChapitre IVChapitre V>>

Ses affaires réglées et sa prière de tierce dite, l’archidiacre Luis de Ordaz prit la direction de la cathédrale de l’Annonciation, où la messe devait sans doute s’achever. C’était une figure bien connue des Almériens. Il faisait partie des premiers chanoines à avoir mis les pieds dans la cité et avait obtenu son archidiaconé au cours de la deuxième décennie d’occupation chrétienne. En tant que vicaire judiciaire, il était un des religieux les plus influents de la ville, peut-être même le plus important.

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Almería 1522 : chapitre III

<<Chapitre IIChapitre IIIChapitre IV>>

La ville d’Almería ne s’arrêtait pas à ses murs. Nombreux étaient ceux qui résidaient dans les faubourgs, notamment les agriculteurs et les artisans. Leur métier exigeait depuis tout temps, pour les premiers, qu’ils demeurassent près de leurs champs, pour les seconds, qu’ils s’éloignassent des centres urbains à des fins de salubrité publique.

La plupart de ces hommes étaient des morisques, c’est-à-dire des nouveaux chrétiens. Leurs aïeux avaient respecté les préceptes du Coran, et eux aussi — jusqu’à ce qu’en 1500, à l’issue de la deuxième révolte mauresque, on leur fasse abjurer leur foi.

Physiquement, ils se distinguaient très peu des Espagnols. Leurs ancêtres n’étaient ni Berbères ni Arabes : ils étaient Wisigoths. La conquête de la péninsule ibérique par les Omeyades au début du VIIIsiècle n’avait pas donné lieu à un remplacement de population ; seuls les dirigeants, la langue et la religion avaient changé. Certes, le sang s’était parfois mélangé, mais essentiellement dans les hautes sphères du pouvoir, rarement dans les basses couches de la société. Or, les derniers chefs de l’émirat nasride de Grenade et leur cour avaient choisi la voie de l’exil lors des mois qui avaient suivi la Reconquête. Bref, il ne restait plus qu’une seule ethnie d’hommes en terre andalouse.

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Almería 1522 : chapitre II

<<Chapitre IChapitre IIChapitre III>>

Le vent qui butait contre les murailles paraissait toujours s’amplifier dès qu’il en franchissait le crénelage. Les soldats qui veillaient les tours et les remparts de la ville, face balayée par Éole, avaient une vue plongeante sur l’horizon. La légende voulait que, depuis leur perchoir, ils fussent parfois en mesure d’observer les lointaines terres d’Afrique, mais jamais un de ceux qui étaient de faction en ce matin du 22 septembre 1522 n’avait eu l’occasion de vivre cette rare expérience, sauf en mirage peut-être. Tout ce qu’ils pouvaient apercevoir du sud depuis leur poste était l’échancrure bleue et étincelante dessinée par la Méditerranée par-devant Almería, et cette échancrure était à peu de choses près la seule ouverture de la ville côtière sur le monde.

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Mémoires de Geronimo

En 1906, Geronimo, apache de la tribu des Bedonkohe, se trouvait en captivité depuis près de vingt ans à Fort Sill, en Oklahoma. Il avait déjà plus de trois quarts de siècle au compteur ; aussi, lorsque Stephen Melville Barrett, un militaire américain de quarante ans avec lequel il avait sympathisé, lui proposa de coucher sa vie sur papier, le vieux chef indien accepta, à la seule condition de ne pas être interrompu lorsqu’il s’exprimait. Il ne savait pas écrire, mais il connaissait l’espagnol et avait une mémoire encore vive.

Le livre, menacé de censure par les autorités militaires locales avant même qu’il ait été entrepris, ne dut son élaboration qu’à l’intervention du président des États-Unis Theodore Roosevelt.

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Almería 1522 : chapitre I

<<IntroductionChapitre IChapitre II>>

Le vent soufflait sur la baie d’Almería en ce lundi 22 septembre 1522. Une odeur âcre de poisson régnait le long des plages et de l’embarcadère. Le jour se levait à peine sur la ville côtière et déjà son port grouillait de monde.

C’était un port d’excellent mouillage, fréquenté depuis des siècles grâce à la topographie particulière de la côte qui permettait aux bateaux de se protéger du levant ou du ponant en fonction de leur lieu d’ancrage. Trois ou quatre siècles avant la Reconquête, les Maures avaient construit en son cœur une jetée afin d’agrandir sa capacité d’accueil. Elle s’y trouvait encore et, attachés à elle, des vaisseaux de guerre, des navires marchands et des barques de pêcheurs dansaient sur les vaguelettes troubles de la Méditerranée.

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Almería 1522 : introduction

IntroductionChapitre I>>

Les événements surviennent, les hommes qui les ont vécus en parlent, ceux qui leur succèdent en prolongent le souvenir, mais des témoignages entiers ou des détails s’oublient et les historiens et les conteurs comblent les lacunes du récit : l’histoire devient légende.

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Le tremblement de terre qui ruina Vera

C’était le mardi 9 novembre 1518. La nuit tombait sur la colline de l’Esprit saint où se dressaient Vera et son château fort. Les cent cinquante habitants venaient de rentrer chez eux. Au fur et à mesure que l’obscurité s’intensifiait, ils se glissaient les uns après les autres sous les couvertures de leurs couchettes et s’endormaient peu à peu.

Deux cents maisons s’échelonnaient sur les flancs de la cité, mais seules soixante étaient occupées — conséquence, primo, de l’interdiction faite aux maures d’y résider et, secundo, des attaques de pirates qui ravageaient presque quotidiennement ce coin du royaume.

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Le séisme qui détruisit Lisbonne

C’était le 1er novembre 1755 et il faisait particulièrement chaud pour la saison. En ce jour de Toussaint, les églises de Lisbonne se remplissaient de fidèles. Le roi Joseph Ier lui-même avait assisté à un office dès la première heure avant de quitter la capitale.

Il était 9 heures 40 environ quand, soudain, le sol se mit à osciller durant une longue minute, ce qui plongea la population dans la stupeur et la panique. Lorsque le tremblement de terre cessa, le soulagement s’imposa : aucun édifice ne s’était effondré.

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